Son nom a figuré plus
de 150 au générique d’émissions de variétés, de telle sorte
que Marion Sarraut n’est pas une inconnue des
téléspectateurs. Mais cette fois, ce n’est pas une émission
des Carpentier qu’elle réalise, mais une gigantesque saga
qui nous transportera en plein XVe siècle et nous contera
les amours de Catherine et du séduisant Chevalier de
Montsalvy. Un quart de siècle d’histoire de France vu sous
la plume de Juliette Benzoni, la « mère » comblée de
« Catherine », un personnage qu’elle fit revivre tout au
long de sept romans qui, dans les années 60, se vendirent à
plus de 30 millions d’exemplaires de par le monde.
« C’est la seconde fois
que je mets en scène un roman de Juliette Benzoni, me
précise Marion Sarraut. La première fois, il s’agissait du
feuilleton « Marion, une étoile pour Napoléon ». Mais avec « Catherine »,
coproduit par Antenne 2 et la S.F.P, il s’agit d’un travail
de longue haleine ! ».
C’est en effet le moins
que l’on puisse dire, puisque 15 mois de tournage, la
participation de 200 comédiens, la création de 1.5000
costumes, et 130 chevaux auront été nécessaire pour rendre
compte de l’œuvre de Juliette Benzoni et en faire un
feuilleton de 6’ épisodes. Le plus long de toute l’histoire
de la télévision française. « Si nos comptes sont exacts, la
diffusion devrait en effet se poursuivre jusqu’au 15 juin
prochain ! Une très longue aventure, certes, mais
extrêmement réjouissante. « Pendant près d’un an et demi,
nous avons tous formé une extraordinaire famille, il y eut
entre nous un profond attachement dès les premiers jours.
Aujourd’hui encore, j’entretiens de très forts liens
d’amitié avec tous les comédiens. Jamais en tant que
réalisatrice cela ne m’était arrivé »
Une aventure dans
laquelle tous se jetèrent tête baissée y compris nombre
d’acteurs et d’actrices connus qui acceptèrent avec joie de
se « sacrifier » pendant de si longs mois, au risque de
devoir refuser des propositions de travail extérieur.
« C’est sans doute le propre ses acteurs de théâtre,
poursuit Marion Sarraut, que de posséder une certaine
solidité. J’aime ces gens-là. Avec eux, on peut sans risque
travailler sur une longue, très longue distance.
Ainsi,
Claudine Ancelot, qui bien que débutant ici à la télévision,
avait derrière elle une solide formation théâtrale. Tout
comme son partenaire masculin dans le feuilleton, elle s’est
jetée à cœur perdu dans cette aventure passionnante du roman
historique, acceptant toutes les exigences du genre. Car
outre leurs costumes parfois très lourds, j’ai demandé à
tous ces comédiens de porter sur leurs épaules le poids de
la morale de l’époque. Morale religieuse (les gens
regardaient alors très haut), politique, sociale… La
dimension d’une fiction historique étant bien supérieure à
une fiction contemporaine. Je pense que nous sommes parvenus
à faire passer cela. En tous cas, Juliette Benzoni a
complètement reconnu son ouvre dans la série. Bien sûr,
celle-ci aurait mérité d’être diffusée à 20h30. Mais il
n’est pas interdit de rêver à une rediffusion ! »
Propos recueillis par François B
erdeaux
Le
Bien Public...
Jeanne
d'Arc existe... et Châteauneuf l'a
rencontrée...Pauvre Jeanne d'Arc ! Après
avoir connu les affres
du bûcher à Rouen, elle
a subi, hier à
Châteauneuf-en Auxois,
les morsures glacées
d'un hiver qui ne veut
pas croire au
printemps... Et pour
triomphale qu'ait été
son arrivée au château,
la vérité historique n'y
a pas trouvé son compte.
Et pour cause : cette
Jeanne d'Arc - là est
celle de Marion Sarraut,
une réalisatrice de
télévision qui tourne
pour Antenne 2 un
feuilleton en 125
épisodes, Catherine ».
Une saga en costumes, à
mille lieues de Dallas
et des millions de
toises de Châteauvallon
mais qui, comme eux, est
essentiellement
enregistrée en vidéo.
Petit écran et coût de
production obligent...
Une
héroïne du XV° siècle
Nos
lecteurs beaunois ont
eu, hier dans nos
colonnes, la primeur de
cette saga moyenâgeuse.
Pour tous les autres,
rappelons que Catherine
est l'héroïne d'un roman
de Juliette Benzoni, qui
se déroule au XV siècle,
Siècle agité s'il en
fut, où Catherine,
d'amour déçu en
espérance comblée,
croisera la route de
Charles VII, Jeanne
d'Arc et... des
Bourguignons I
Mais pas
comme vous l’imaginez :
dans les scènes tournées
hier, Châteauneuf jouait
le rôle d'Orléans ! Une
liberté nécessaire à la
fiction télévisée et qui
faisait sourire Juliette
Benzoni, présente sur le
tournage. « Ça se passe
au mieux. Et j’aime
tellement la Bourgogne !
D'ailleurs, j'ai vécu
dix ans à Dijon. J'ai
toujours été amoureuse
de Châteauneuf que j'ai
découvert à l'âge de 15
ans. J'ai pensé y
acheter une maison, mais
elles sont trop chères
aujourd'hui ! ».
Rançon
de la gloire : sous le
feu répété des caméras
(comme celle de Lelouch
récemment), le
promontoire de l'Auxois
est aujourd'hui connu du
monde entier... le
charme orléanais dût-il
en prendre ombrage !
Et sous
l'objectif de Marion
Sarraut (que vous
connaissez au moins
comme la réalisatrice de
Marianne, une étoile
pour Napoléon), la belle
Jeanne, Isabelle Guiard,
a promené sur le pont
levis du château son
regard couleur d'ardoise
et sa farouche volonté
de bouter l'Anglais ».
Dans la foule anonyme
qui l'attendait au-delà
des douves, Philippe
Clay cachait son double
mètre sous une robe de
bure, et Michel Dupleix
faisait battre sous
l'armure le cœur
généreux du gouverneur
d'Orléans.
« J'ai
pas mon permis cheval »
Mais les
véritables héros de ce
tournage à Châteauneuf
étaient
incontestablement les
chevaux. Pardon, les
fiers destriers
trimballant sur leurs
croupes la Pucelle et sa
troupe. Des chevaux
venus de Paris à grands
renforts de modernes
vans, et qui ne semblait
pas autrement surpris de
ce retour cinq siècles
en arrière. Leurs
cavaliers l'étaient bien
davantage et l'on
surprenait, sous le
heaume, des dialogues
comme celui-ci :
« Hé,
ton bourrin est rentré
dans le mien ! On fait
un constat à l'amiable
ou quoi ?
T'es fou ! Moi j'ai pas
mon permis cheval. Sorti
de ma 2 CV, tu sais… »
Les authentiques
spadassins,
contemporains de Jeanne
d'Arc, s'en sont
sûrement retournés dans
leur tombe. Mais les
téléspectateurs
(diffusion du feuilleton
prévue au début de
l'année 1986) n'en
sauront rien. Car le
miracle de la télévision
consiste aussi à rendre
à l'Histoire un visage
parfaitement crédible.
En attendant, et si le
cœur vous en dit, mettez
donc votre week-end à
profit pour partir à la
rencontre de Catherine
et de Jeanne sur les
routes bourguignonnes.
Elles y seront encore.
Et n'oubliez pas la
seule politesse que vous
leur devez le silence !
Elles tournent...