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Aussi, le soir précédant le départ du jeune homme, elle lui proposa
de faire quelques pas le long de l'étang. La nuit était tiède,
constellée d'étoiles, romantique à souhait. Ils marchèrent plusieurs
minutes côte à côte sans se parler. Thomas partait à l'aube.
Il ne fallait pas gâcher cet instant mais les circonlocutions
n'étaient pas dans la nature de Lorenza. C'est pourquoi elle
dit sans préambule:
- Souhaitez-vous toujours faire de moi votre femme, Thomas ?
- Vous n'avez pas changé ?Alors moi non plus ! répondit-il d'une
voix calme que l'émotion enrouait.
Ils s'étaient immobilisés l'un en face de l'autre et se turent. Ils
se regardèrent un instant sans rien dire comme s'ils hésitaient au
bord des mots mais, cette, ce fut lui qui rompit le silence:
- Je vous aime plus que jamais ! murmura-t-il.
Assez pour respecter...
- Non, l'interrompit-elle en lui posant un doigt sur la
bouche. Ce serait avilissant pour tous les deux. Au soir du
mariage, je serai à vous tout entière, sans arrière-pensée, sans
regret et, je crois, avec bonheur !
- Lorenza ! ... En vérité ?
- Prenez-mois dans vos bras, Thomas, serrez-les très fort... et
ne les ouvrez plus jamais !
-tant que je vivrai, Lorenza ! Tant que je...
Leur premier baiser étouffa le dernier mot... » |