Interview
avec
Juliette Benzoni
par
Linda Compagnoni Walther
le 28 septembre 2010
Linda :
Bonjour très chère Juliette, quelle a été votre réaction quand vous avez reçu
la lettre de Frédérique et la mienne ? Apprenant ainsi qu’il existait des sites
de fan à propos de Juliette Benzoni?
Juliette Benzoni : J’en ai été ravie,
bien sûr ! Je savais déjà que j’avais beaucoup de lecteurs dans le monde sinon
pourquoi aurait-on pris la peine de me traduire en… je ne sais plus au juste
combien de langues mais que quelqu’un prenne la peine de s’intéresser à moi,
c’était nouveau. J’ai voulu vous voir et j’ai découvert de vraies amies. C’était
merveilleux ! Et je crois que je ne vous remercierai jamais assez !
Linda :
Savez-vous que vous avez des millions de fans dans le monde entier, âgés de 14 à
100 ans (et plus ☺)
Juliette Benzoni : Cette question
rejoint la précédente. Mes éditeurs m’ont toujours tenue au courant et aussi
ceux de mes amis qui, voyageant à travers le monde m’envoyaient des photos de
librairies à Pékin, à New-York ou ailleurs. Le courrier aussi me renseignait
mais pas aussi bien que vous. Je ne suis pas - encore ! – inscrite à Internet !
Linda :
Comme nous l’avons appris par d’anciennes interviews, vous n’êtes absolument pas
contente de la manière dont “Catherine” a été tournée en 1968. Qu’est-ce qui
vous a motivé à participer à l’adaptation TV de 1985?
Juliette Benzoni :
Je crois n’avoir
jamais autant pleuré de ma vie – pour une question de travail naturellement ! –
qu’en visionnant ce film aux Studios de Boulogne. C’était tout ce qu’on voulait
sauf mon histoire. Comme on était en 1968, l’adaptateur n’avait retenu qu’une
chose : cela se passait à Paris pendant une révolte de l’Université ! Partant de
là, mon héros Arnaud de Montsalvy s’était retrouvé étudiant contestataire – au
lieu de capitaine de Charles VII ! – puis un chef d’une bande de brigands en
forêt de Fontainebleau et ainsi de suite… Une horreur ! Je voulais retirer mon
nom du générique. Résultat : les coproducteurs allemands et italiens ont refusé
de payer. Le film n’a été diffusé que huit jours au lieu d’un mois avant d’être
interdit par voix de justice… ce qui ne l’a pas empêché de faire une petite
carrière au Moyen-Orient. Au bout de dix ans, il a même fait une apparition
furtive à la télévision. J’en possède d’ailleurs une copie que je dois à la
gentillesse d’Henri-Jean Servat.
Toute autre a été l’adaptation à la
télévision qui m’a donné beaucoup de joie. Voulue par mon ami Henri Spade, l’une
de ces plus grandes figures aujourd’hui disparue, elle m’a permis de voir mon
histoire se mettre à vivre devant moi – comme j’avais vu vivre auparavant
MARIANNE sous les traits de Corinne Touzet, alors débutante ! – mes personnages
grâce au talent de Marion Sarraut, réalisatrice infatigable, et des jeunes
comédiens dont elle aimait à s’entourer : Pierre-Marie ESCOURROU, Claudine
ANCELOT, Gérard CHAMBRE, Benoist BRIONNE, Pierre DENY, Philippe NAHON, Philippe
CAROIT, Christian RAUTH et aux un petit peu moins jeunes, Pascale PETIT, Dora
DOLL, Jean-François PORON et l’irrésistible Philippe CLAY ! Sans compter la
superbe reine Yolande que voulut bien incarner Geneviève CASILE de la Comédie
Française, Georges MONTILLIER, évêque Cauchon plus vrai que nature, Marthe
MERCADIER et Isabelle GUIARD qui fut une émouvante Jeanne d’Arc !Quant à
l’adaptation j’ai été d’autant plus ravie d’y participer que j’y ai fait mes
classes sous la houlette de Jean CHATENET, l’un des tout-meilleurs qui est
devenu un ami ! C’était passionnant ! J’ajoute que j’ai vécu avec cette joyeuse
bande quelques-uns des meilleurs moments de ma vie et que je lui garde amitié et
reconnaissance comme évidemment à ceux du Gerfaut et de la Florentine !
Linda :
Avez-vous de jolis souvenirs, qu’ils soient amusants, hilarants ou même
catastrophiques du tournage de “Marianne, Catherine, Le Gerfaut et Fiora, la
Florentine?
Juliette Benzoni :
Aucun souvenir
précis ne me revient mais relisez juste ce que je viens d’écrire sur cette
joyeuse bande.
Linda :
Aujourd’hui, de nombreuses années se sont écoulées depuis la publication de
“Catherine”, votre tout premier grand succès, en 1962. A votre avis, pourquoi
“Catherine” est toujours LE LIVRE de référence de Juliette Benzoni dont on
parle toujours, alors même que vous avez écrit tant d’autres best-sellers?
L'auteure
dédicace en 1983 son livre
« Dans le lit des Rois » |
Juliette Benzoni :
Peut-être parce
qu’il a été non seulement le premier succès mais aussi le premier de mes romans..
et aussi le plus long : sept tomes alors que Marianne en compte six et
qu’ensuite je n’ai dépassé le chiffre 4 que pour « Le Boiteux de Varsovie » et
sa suite puisque j’écris en ce moment le 11ème . Je crois cependant que, grâce à
la série télévisée, le Gerfaut a rejoint Catherine. Il m’a même valu une aimable
lettre de Ronald REAGAN, alors Président des Etats-Unis et de sa femme Nancy à
cause de ma description de la guerre d’Indépendance !
Linda : A
chacune de vos séries de livres, vous choisissez toujours une époque différente.
Pouvez-vous nous dire ce qui vous fait choisir une telle ou telle période
historique pour un nouveau roman ?
Juliette Benzoni :
Je ne choisis pas
une époque différente, je choisis en fonction de l’histoire que je souhaite
raconter avec tout de même une nette préférence pour le Moyen-âge : CATHERINE,
UN AUSSI LONG CHEMIN, Les CHEVALIERS, DE DEUX ROSES L’UNE, même La FLORENTINE
qui frôle cependant la Renaissance. Il y a surtout des personnages qui m’ont
toujours tentée : Jeanne d’Arc, le sublime roi lépreux, Baudouin IV de Jérusalem,
le Duc Beaufort, le Baron de Batz, je les ai tous réalisés. A présent, cela
marche au coup de cœur, à une envie qui passe. Mais, avant d’écrire, il me faut
toujours un assez long temps de documentation. A présent, j’avoue un vif plaisir
à écrire la série Morosini avec ses joyaux célèbres plus ou moins meurtriers.
Linda :
Vous avez écrit aujourd’hui 76 livres (et comme nous le savons, vous êtes en
train d’écrire la suite de “La dague de lys rouge”) Y-a-t-il un personnage,
homme ou femme, que vous aimez par-dessous tout, sur lequel vous adorez écrire
et vous nous direz-vous lequel
Juliette Benzoni :
Cette question
rejoint la précédent mais il est vrai que, si j’ai renoncé à donner une suite au
GERFAUT, par force (*), je songe parfois à un huitième CATHERINE. Si Dieu le
veut !
Linda :
Nous le savons tous, votre tout dernier livre est “ La dague de lys rouge”.
Pouvons-nous espérer le voir traduit en langues étrangères comme l’Anglais,
l’Espagnol, l’Italien ou l’Allemand ?
Juliette Benzoni :
Je n’en sais rien
du tout. Mon éditeur non plus d’ailleurs !
Linda :
Existe-t-il encore un personnage historique sur lequel vous avez toujours voulu
écrire mais sans jamais trouvé le bon moment pour le faire?
Juliette Benzoni : Je n’en vois pas.
Linda :
Y-a-t-il une question que l’on ne vous a jamais posée et à laquelle vous
aimeriez répondre?
Juliette Benzoni :
Non. En revanche,
il y en a une que l’on m’a posée avec une grande régularité : “Où allez-vous
chercher tout çà?” Alors, une fois de plus : dans ma passion de l’Histoire et le
bonheur d’écrire !
Linda :
Quel conseil donneriez-vous à un auteur encore inconnu, qui aimerait écrire des
romans historiques comme vous l’avez fait dans le passé et que vous faites
toujours aujourd’hui?
Juliette Benzoni :
D’abord une
solide préparation. Il faut étudier l’époque, les personnages réels, faire une
chronologie, étudier les modes de vie, les modes tout court, tout ce qui peut
enrichir et donner une véracité. Cela demande beaucoup de temps et de beaucoup
de travail. C’est pourquoi il y faut avant tout la passion. Après on peut
laisser les personnages fictifs vivre leur vie comme ils l’entendent.. ou comme
ils le peuvent !
Linda :
Si vous pouviez faire ce vœu, lequel de vos personnages fictifs ou quel
personnage réel voudriez-vous être pour une journée?
Juliette Benzoni : Sans hésiter la
marquise de Sommières, pour le plaisir d’évoluer parmi des gens tout à fait
selon mon cœur. J’adorerais avoir Aldo Morosini comme neveu !
Peut-être aussi le cardinal de Richelieu :
pour voir l’effet que cela fait d’exercer le pouvoir suprême ! Mais seulement
pour vingt-quatre heures !
(*) : Elle nous avait
déjà dit qu’il ne pouvait avoir une suite au Gerfaut, car le personnage aurait
eu le même destin que le Baron de Batz dont elle écrit l’histoire dans « Le Jeu
de l’Amour et de l’Amour » : celui de tout faire pour sauver Louis
XVI, la Reine Marie-Antoinette et le
Dauphin.
J'aimerais remercier ma très chère amie Juliette Benzoni du plus profond de mon
cœur pour m'avoir fait l’extraordinaire honneur de répondre à mes 12 questions.
Il y a deux ans, je n'aurais jamais rêvé d'une telle chose : Pouvoir interviewer
mon auteur préféré ma bien-aimée Juliette Benzoni, qui a écrit Catherine, la
seule série de livres dont le souvenir ne m'a jamais quitté depuis plus de
quarante ans. Juliette, vous êtes si adorable, s'il vous plaît, n'arrêtez jamais
d'écrire. Merci beaucoup pour la magnifique amitié que vous m'avez offerte dès
les premiers instants de notre première visite. Pour le sourire que vous m'avez
adressé en me disant : Très bien, j'écrirai un huitième livre Catherine!! Je me
prosterne devant vous et votre talent, votre énergie et votre volonté. Vous êtes
la plus phénoménale et étonnante femme que j'ai rencontrée!
Merci beaucoup très chère Juliette
© Linda Compagnoni Walther
(Mistral)
le 28 septembre 2010
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